Portes ouvertes du collège PFEFFEL de Colmar

Portes ouvertes du collège PFEFFEL de Colmar

A l’occasion des Portes ouvertes du collège PFEFFEL de Colmar le samedi 26 février, nous avons poussé la porte de la salle de Technologie et nous nous sommes jeté à l’eau pour rencontrer Philippe Besançon. Nous l’avons interrogé.

Mission science : Philippe, nous entrons dans votre classe et nous sommes immergés dans un univers totalement marin. Pourquoi ?

Philippe Besançon : Effectivement, et j’oserai même dire que mes projets sont ultra-marins. Je suis né en Nouvelle-Calédonie, j’ai enseigné à Madagascar, à Mayotte et en Polynésie. Cet univers aquatique bien souvent malconnu des élèves est un espace d’exploration exceptionnel pour engager des projets innovants. En 3ème, nous nettoyons les océans des déchets plastiques avec le projet d’Yvan Bourgnon. En 4ème, j’embarque mes élèves sur le Polar-Pod autour de l’Antarctique pour mesurer l’influence du changement climatique avec le projet de Jean-Louis Etienne. Quant aux élèves de 5ème, nous participons au concours C’Génial 2022 avec le projet OXY’NERGIE en présentant une innovation technique de bouée houlomotrice qui va ré-oxygéner les océans malmenés par la pollution. Cette invention veut relancer le cycle Poisson – Pêche – Economie – Social des zones côtières.

MS : Vous abordez vos enseignements sous forme de défis. Pourquoi ?

PB : Dans mon collège REP, j’ai atteint mes limites en proposant un enseignement classique. En 2017, je suis passé à la pédagogie « La Main à la Pâte », c’est-à-dire à la démarche de projet et d’investigation. Maintenant, ce sont les élèves qui réfléchissent et résolvent les défis, je ne fais que les accompagner dans cette démarche. C’est enrichissant pour eux et pour moi, ils sont à l’action, ils sont inventifs, comme des ingénieurs qui doivent résoudre un problème. Le travail en équipe de 3 élèves contribue à la réussite de chacun. Je ne prétends pas à 100% de réussite, mais j’ai clairement inversé la tendance avec 85% d’élèves actifs dans mes cours.

MS : Comment construisez-vous vos défis ?

PB : La clé de cette pédagogie réside dans quelques principes simples : le défi consiste à poser une question la plus ouverte possible. Il faut éviter l’interventionnisme excessif du professeur, il faut laisser l’élève apporter ses réponses, ses propositions. La démarche d’investigation respecte un déroulé qui fait place à la réflexion personnelle avant celle du partage en groupe, puis de la négociation avant de passer à la réalisation. Enfin, j’apporte des activités aussi différentes que possible pour renouveler l’intérêt : vidéo, diaporama, maquette, robotique, design, protocole de test…

MS : En observant vos projets, vous n’abordez pas que l’aspect technologique. Pourquoi ?

PB : Effectivement, je considère que la Technologie est l’aboutissement d’un processus d’apprentissage qui nécessite la contribution de toutes les autres disciplines enseignées au collège. L’ingénieur doit mettre en lien toutes les compétences apprises par ailleurs pour résoudre son défi : communiquer, argumenter, lire, calculer, mesurer, réaliser, comprendre les principes physiques ainsi que ceux de SVT, programmer, dessiner… Mais il doit aussi prendre en compte des situations économiques, géographiques, des enjeux politiques et citoyens, des contraintes industrielles et de développement durable… C’est l’occasion de reparler de l’effet de serre pour se protéger des ouragans, de revisiter la digestion pour tenter de fabriquer des bulles d’air… Tout cela favorise le développement des EPI – Enseignements Pratiques Interdisciplinaires.

MS : La démarche de projet et d’investigation dont vous parlez avec enthousiasme peu intéresser des professeurs. Comment entrer dans cette dynamique ?

PB : Tout d’abord, il ne s’agit pas d’être un spécialiste de l’ingénierie pour se lancer dans un défi. Pour ceux qui souhaitent discuter ou avoir conseil pour se lancer, n’hésitez pas à vous rapprocher des personnes ressources de l’académie, en contactant la Mission Science 68 ou 67, la MSA-Maison pour la Science en Alsace, la Nef des Sciences, La Fondation « La Main à la Pâte »… Et la porte de ma classe est toujours ouverte…

MS : Philippe, un dernier mot ?

PB : Je dirai que « C’est la curiosité qui ouvre les portes du savoir, pas l’inverse ! »